échelle de Berne

L’échelle de Berne

L’échelle de Berne en droit suisse représente un élément clé dans la gestion du paiement du salaire lors d’une incapacité de travail due à la maladie, sans faute de la part de l’employé. Cette échelle, originaire d’un jugement du tribunal des prud’hommes du canton de Berne en1926, fixe des normes pour la durée pendant laquelle un employeur doit continuer à verser le salaire à un employé empêché de travailler pour des raisons médicales. Elle est largement adoptée dans plusieurs cantons suisses, bien que certains appliquent des variantes régionales comme l’échelle zurichoise ou bâloise.

Fondements Juridiques et Application

Selon l’article 324a du Code des obligations suisse, un employeur est tenu de payer le salaire intégral à un employé pour une durée déterminée si ce dernier est dans l’incapacité de travailler pour des raisons personnelles comme la maladie ou un accident, à condition que le rapport de travail existe depuis plus de trois mois ou que le contrat de travail ait été conclu pour une durée supérieure à trois mois.

Détails de l’Échelle de Berne

 La structure de l’échelle varie selon l’ancienneté de l’employé chez l’employeur :

Première année: 3 semaines de salaire complet

Deuxième année: 1 mois

Troisième et quatrième années: 2 mois

Cinquième à neuvième années: 3 mois

Dixième à quatorzième années: 4 mois

Quinzième à dix-neuvième années: 5 mois

À partir de la vingtième année: 1 mois supplémentaire par tranche de cinq ans, jusqu’à un maximum de 10 mois après 40ans de service

Jurisprudence Associée

La jurisprudence a établi que l’employeur doit apporter la preuve que l’employé a reçu la notification de la cessation de paiement du salaire une fois que la période définie par l’échelle de Berne est écoulée. Encas de litige, le moment de la réception de cette notification est crucial et un congé signifié pendant une période de protection est nul, ce qui signifie que l’employeur doit attendre l’expiration de cette période avant de pouvoir légalement résilier le contrat.

Protection Supplémentaire et Assurances

Des assurances comme l’ IJM – Indemnité Journalière Maladie, qui est facultative, est souvent souscrite sur une base collective par les employeurs pour couvrir leurs employés contre la perte de salaire en cas de maladie. Elle peut être adaptée aux besoins spécifiques de l’entreprise et des employés. Les indemnités journalières de cette assurance remplacent une partie du salaire de l’employé en cas d’incapacité de travail due à la maladie, généralement jusqu’à 80% du salaire perdu, pour une période pouvant aller jusqu’à 720 jours sur une période de 900 jours consécutifs. L’IJM est souvent utilisée pour compléter ou étendre les obligations légales minimales de maintien du salaire par l’employeur en vertu de l’article 324a du Code desObligations. L’iJM ne doit pas être confondue avec la LAMal.

L’échelle de Berne facilite une gestion équitable du paiement du salaire en cas de maladie, tout en posant un cadre légal clair qui protège les droits des employés tout en offrant une certaine flexibilité aux employeurs pour gérer ces situations. Cette échelle et les assurances associées garantissent que les employés en incapacité de travail reçoivent le soutien financier nécessaire pendant leur période de convalescence, reflétant une approche équilibrée et humaine du droit du travail suisse.

Application et implications légales

L’échelle de Berne est principalement appliquée lorsque aucun accord spécifique prolongeant ces durées n’a été conclu entre l’employeur et l’employé par le biais d’un contrat de travail ou d’une convention collective de travail. En l’absence de telles dispositions contractuelles, l’échelle de Berne sert de référence pour déterminer la période de continuation du paiement du salaire.

La mise en œuvre de cette échelle reflète une approche qui cherche à équilibrer les besoins de protection sociale des employés tout en prenant en compte la capacité des employeurs à supporter financièrement de longues périodes d’absence de leurs employés. C’est un exemple de la manière dont les lois suisses intègrent flexibilité et protection dans le cadre du droit du travail.

Contexte Historique de l’Échelle de Berne

L’échelle de Berne, instituée suite à un jugement du tribunal des prud’hommes de Berne en 1926, représente un pilier fondamental dans le droit du travail suisse. Cette mesure a été conçue pour assurer une protection financière aux employés en cas de maladie, en obligeant les employeurs à continuer de payer le salaire pour une durée déterminée selon l’ancienneté de l’employé. La persistance de cette échelle dans le temps montre son importance et son adaptation aux réalités sociales et économiques de la Suisse, faisant d’elle un modèle de référence en matière de protection des droits des travailleurs.

Implications Juridiques de l’Échelle de Berne

Sur le plan juridique, l’échelle de Berne est appliquée avec certaines variations régionales qui peuvent influencer la durée de continuation du paiement du salaire. Par exemple, alors que certaines régions suivent strictement cette échelle, d’autres peuvent adopter des approches légèrement différentes, comme les échelles zurichoise ou bâloise. Ces variations nécessitent souvent l’intervention d’assurances complémentaires de perte de gain maladie, qui prennent le relais pour couvrir les employés au-delà des périodes stipulées par l’échelle de Berne, soulignant l’interaction complexe entre loi et pratiques.

Comparaison Internationale de l’Échelle de Berne avec d’Autres Systèmes de Continuation de Salaire

L’échelle de Berne offre une perspective unique sur la protection sociale des employés enSuisse, mais des systèmes similaires existent dans d’autres pays, chacun adapté à son contexte législatif et culturel spécifique.

Les systèmes de continuation de salaire en France et en Belgique montrent des adaptations intéressantes de la protection sociale des employés qui contrastent avec l’échelle de Berne utilisée en Suisse. Ces deux pays européens ont leurs propres cadres législatifs qui reflètent les priorités culturelles et économiques en matière de droits des travailleurs.

France:

EnFrance, la continuation du salaire en cas de maladie est régulée de manière assez généreuse. Les employeurs sont tenus de payer 100 % du salaire durant les30 premiers jours d’absence pour maladie, sous réserve que l’employé ait au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise. Cette durée s’accroît avec l’ancienneté : 40 jours après cinq ans, 50 jours après dix ans, et ainsi de suite. Après la période de paiement par l’employeur, c’est la sécurité sociale qui prend le relais en versant des indemnités journalières, qui sont un pourcentage du salaire habituel de l’employé, jusqu’à un plafond fixé par la loi.

Belgique:

EnBelgique, le système est quelque peu différent. Les employeurs sont tenus de payer le salaire complet de l’employé pendant les 30 premiers jours de maladie, quel que soit l’ancienneté de l’employé. Après cette période, l’employé passe sous le régime de l’assurance maladie, qui fournit une indemnité calculée en pourcentage du salaire normal, limitée à un plafond légal. Cette indemnité est destinée à couvrir les périodes de maladie prolongée et vise à offrir une sécurité financière sans imposer un fardeau trop lourd sur les employeurs.

Comparaison avec la Suisse :

Tant la France que la Belgique diffèrent de la Suisse par leur approche moins graduelle mais plus uniforme dès le début de l’incapacité de travail. EnSuisse, l’échelle de Berne introduit une gradation basée sur l’ancienneté qui étend la durée de la continuation du salaire. Cette différence reflète les diverses philosophies en matière de protection sociale et de gestion des relations de travail en Europe.

Ces nuances dans la gestion de la continuation du salaire en cas de maladie enFrance et en Belgique montrent comment des principes similaires à ceux de l’échelle de Berne sont adaptés aux réalités locales, avec des impacts variés sur la sécurité financière des employés et les obligations des employeurs. Ces différences illustrent la diversité des politiques sociales européennes et la manière dont elles évoluent pour répondre aux besoins des travailleurs tout en équilibrant les intérêts économiques des entreprises.

Ces exemples illustrent comment des principes similaires à ceux de l’échelle de Berne sont adaptés et mis en œuvre différemment dans d’autres pays, soulignant l’importance de comprendre les nuances régionales dans la politique de protection sociale des employés.

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